L’encierro vu de l’intérieur à Saint Vincent de Tyrosse
La Peña El Ruedo a programmé une soirée passionnante sur un thème qui nous est cher : l’encierro de taureaux. Julen Madina, le Basque de Hernani, la référence à Pampelune, a été le plus écouté. Emmanuel a évoqué l’encierro de Falces qui lui est cher, l’un des rares qui porte un nom, El Pilón. Jean Paul a pu témoigner de son expérience en terres pampelonaises.
Les trois invités ont donné leur vision – de l’intérieur donc – de l’encierro. Ils ont ainsi confirmé que l’exercice est tout sauf une course de têtes brûlées devant des taureaux tueurs. Il s’agit de préparation, de concentration, de connaissance du terrain et du taureau. En somme une addition de connaissances, conjuguée à une préparation physique, psychologique et mentale, qui permettent d’envisager la course sous un autre angle qu’une simple décharge d’adrénaline.
Jean Paul et Julen au micro, pendant la conférence à Saint Vincent de Tyrosse
Des souvenirs plus personnels, plus intimes ont été évoqués. Julen Madina, a reçu, un matin de juillet 2004, cinq coups de corne d’un taureau de Jandilla, vidéo à l’appui.
Encierro dramatique du 12 juillet 2004
Julen a expliqué comment il est parvenu, un an plus tard, à courir sans douter ; comment il est arrivé à dominer ses émotions et ses peurs, pour courir à nouveau sans appréhension. Il a convaincu l’auditoire que l’analyse des événements – 5 coups de corne ! – lui ont permis de ne pas douter. L’accident est dû aux aléas de la course et non à des erreurs qu’il aurait commises. A partir de là, bien sûr, il faut assumer et dépasser l’accident en tant que tel et ses conséquence : la douleur bien sûr, mais aussi l’hospitalisation et la rééducation. Son approche étudiée et appliquée de l’encierro et sa préparation lui permettent de répondre avec succès à ces sérieux avatars de l’encierro.
Julen Madina à l’encierro de Pampelune
Jean-Paul Sacristan a expliqué comment un Français méconnu peut parvenir à se faire accepter dans ce petit monde de l’encierro où des Espagnols, des Américains et quelques Français étaient déjà, avant lui, des références.
Ils ont aussi révélé quelques secrets : comment parvenir à se placer devant les cornes malgré la foule, comment réagir avec un taureau solitaire – le plus dangereux – qui ne sait pas qu’il faut rejoindre les arènes, comment adapter sa course en fonction de la tête du troupeau – cabestro ou taureau ? –, comment et quand démarrer lorsque l’on attend dans la rue l’arrivée des taureaux et comment réagir face aux chutes, aux empoignades, aux charges soudaines de taureaux et aux blessures – les leurs et celles des autres.
Jean Paul Sacristan, en rouge, devant le taureau
Vers la fin, il a été question d’autres encierros. Bien sûr, San Sebastián de los Reyes, extrêmement dangereux ; les encierros navarrais avec toros de lidia, à Tafalla, Tudela et Sangüesa ; Cuéllar et son encierro historique ; Ciudad Rodrigo et son encierro parfois sur et sous la neige ; et Falces et son encierro de montagne. Vidéo à l’appui, Manuel Marichalar a montré qu’il est possible d’enchaîner les courses, plusieurs jours durant, à Falces, en haut, dans la montagne. Mais qu’il faut avoir pour cela une afición chevillée au corps.
L’encierro très parculier del Pilón de Falces
In fine, ils ont expliqué ce que l’encierro « donne » et ce qu’il « reprend ». Ce qu’il donne aux coureurs passionnés dépasse largement ce qu’il reprend. Ce trésor, les coureurs le gardent dans leur tête, dans leur mémoire et dans leur cœur. Car l’encierro est un monde qui existe bien avant et bien après la course.