La course de rejones a longtemps été perçue comme le parent pauvre des spectacles taurins. Aujourd’hui, pour de nombreuses raisons, cela a évolué. Mais la prise en compte de la trilogie cavalier, cheval, mais aussi taureau sans lequel il ‘est point de spectacle taurin, est nécessaire, indispensable.
Avant la course
Il faut voir et comprendre le taureau, mais encore voir, connaître et comprendre le cheval et le travail de l’homme qui le chevauche ; travail qui ne se résume pas seulement à la piste, mais commence plusieurs années auparavant, lorsque homme et cheval échangent, s’entrainent, se comprennent et finissent par ne former qu’une seule personnalité. Un entraînement de haute école permet de former ce personnage composé unique.
A partir de ce moment, il s’agit pour l’être humain d’assister, avec la course de rejones, à un spectacle extraordinaire dans le sens où les cavaliers des temps actuels n’ont généralement pas l’occasion de pratiquer l’équitation d’antan, celle qui permettait de se déplacer, de vivre ou de faire la guerre.
Quelques activités modernes utilisent les qualités qui étaient requises aux anciens. La course de chevaux pour la vitesse, le polo ou la voltige cosaque pour l’efficacité au combat par exemple. La monte pour la chasse à courre ou la « doma vaquera » pourraient trouver leur place dans ce concert d’équitations. Pour la première il ne s’agit cependant pas précisément d’affrontement, mais plutôt de poursuite. Pour la seconde, l’affrontement est généralement absent, tant que le taureau ne le décide pas. Mais s’il attaque, on ne combat pas, on esquive. Ces pratiques équestres n’en sont pas moins intéressantes, simplement leurs finalités diffèrent.
Ce qui place la course de rejones à part est la sanction immédiate en cas de manquement aux règles de combat, de technique et de sureté de la discipline : s’il le peut le taureau blessera ou tuera le cavalier… ou le cheval.
Toutes ces équitations ramènent à la même analyse. Sous l’ancien régime, chez les cosaques comme chez les rejoneadores actuels ou anciens ou les joueurs de polo aujourd’hui, on combat, on manie, on frappe de la main droite, celle qui ne tient pas les rennes, mais avec la main qui, il y a longtemps, saisissait le sabre ou l’épée. L’évolution du cheval se fait en se servant des jambes et du poids du corps, de l’assiette, mais peu avec les rennes.